JE VEUX OPTIMISER MA FLOTTE DE VÉHICULES
Contexte réglementaire
Obligations renouvellement des flottes
La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM, 2019) vise à encourager les employeurs à réduire progressivement la part de véhicules thermiques dans leur flotte. Pour cela, elle impose aux organisations privées de plus de 50 salariés et ayant un parc de plus de 100 véhicules de suivre des quotas d’intégration de véhicules à faibles émissions lors du renouvellement annuel du parc :
- 2024 : 20% des nouveaux véhicules sont à faibles émissions*
- 2027 : 40%
- 2030 : 70%
Les employeurs publics sont quant à eux concernés par des quotas plus ambitieux :
- État et ses établissements publics : le quota est déjà à 50% en 2024 et sera de 70% dès 2027.
- Collectivités territoriales, leurs groupements et leurs établissements publics : 30% jusqu’à fin 2024 et 40% à partir de 2025.
* Il est entendu par « véhicules à faibles émissions » : un véhicule qui émet moins de 60g/km de CO2. Il s’agit des motorisations électrique, hybride rechargeable et hydrogène.
Éléments pédagogiques sur la décarbonation
Le secteur du transport représente 30% des émissions de CO2 annuelles totale en France. Il est donc en effet important d’encourager la transition vers des motorisations moins carbonées au sein des flottes de véhicules, comme cela est fait avec la LOM, mais cela ne représente pas le seul levier d’action pour réduire l’empreinte carbone du parc automobile des employeurs.
Appliquée au secteur des transports, l’équation de Kaya** identifie ainsi 5 volets sur lesquels il est possible d’agir pour réduire l’impact carbone des déplacements, pouvant être déclinés à la gestion des flottes automobiles :
** L’équation de Kaya a été créée par l’économiste japonais Yoichi Kaya. Elle décompose les émissions de CO2 provenant de la consommation d’énergie selon une formule mathématique, et permet d’en identifier les volets : démographie, décroissance, sobriété, efficacité énergétique et mix énergétique.
Les questions à se poser
Il est ainsi recommandé aux employeurs de questionner six aspects de la gestion de leur flotte pour en réduire l’impact environnemental mais également les coûts de gestion.
En effet en entreprise, la gestion d’une flotte automobile représente un budget non négligeable (coûts d’acquisition, l’assurance, les frais d’entretien et de carburant). Les véhicules électriques possèdent par ailleurs de nombreux avantages fiscaux, récapitulé dans une FAQ au sein de cette boite à outil.
Quel que soit le(s) levier(s) d’action choisis, la visibilité sur la composition de sa flotte est cruciale mais aussi la connaissance des usages. C’est le rôle d’un logiciel de gestion de flotte qui permettra un reporting détaillé par véhicule et conducteur afin d’optimiser le parc.
1. Optimiser les déplacements, réduire les distances
Le premier levier d’action à la main des employeurs est l’optimisation des déplacements soit la réduction des distances parcourues. La politique voyage et la Car Policy, mettent en place des règles sur l’organisation des déplacements et l’usage des véhicules.
Pour les métiers itinérants (commerciaux, opérationnels, artisans…), il est essentiel de réaliser un travail d’optimisation de ces déplacements afin que ceux-ci soient les plus courts et moins chronophages possible, en prenant en compte le lieu d’habitation du collaborateur et les zones géographiques couvertes. Cela est particulièrement pertinent pour les conducteurs/salariés fonctionnant en « tournées » quotidiennes.
2. Dimensionnement de la taille du parc
Une fois les déplacements optimisés, la réduction de la taille de la flotte de véhicules est le deuxième levier d’action à mobiliser afin d’optimiser son parc. Réaliser un audit de la flotte de véhicules permet d’identifier ceux qui sont aujourd’hui sous utilisés, voire inutiles (faibles kilométrages annuels).
Une grille de besoins de mobilité croisées aux métiers de l’entreprise permettra d’objectiver le besoin réel d’affectation d’un véhicule à un collaborateur ou à un service.
Il conviendra de distinguer :
- Les véhicules statutaires (bénéficiant d’un véhicule à titre de rémunération)
- Les véhicules de fonction, impliquant un besoin de mobilité liés aux métiers
Plusieurs actions sont identifiées pour optimiser la taille du parc :
- Fin du contrat de location, vente, mise en rebut s’il est ancien
- Réaffectation du véhicule pour un usage plus adapté
- Développement de l’autopartage et de la mutualisation (mise en pool). Ce dernier levier est possible via des prestataires permettant d’automatiser la réservation des véhicules. Il permet à terme de réduire considérablement la quantité de véhicules dans la flotte, tout en s’assurant qu’ils soient tous utilisés.
3. Adaptation des véhicules aux déplacements
Une fois le travail d’optimisation des déplacements fait, il est possible de commencer une réflexion sur le type de véhicule le plus adapté pour réaliser ces trajets.
Les questions à se poser :
- Quel est le mode de déplacement est le plus adaptés pour réaliser ce trajet ?
- Quelles taille de véhicule et puissance sont les plus adaptées ?
- Quelle énergie est la plus adaptée ?
De nombreux employeurs ont ainsi déployé des flottes de vélos de services et/ou fonction en remplacement de certains véhicules pour réaliser des trajets courts. Cette pratique est d’autant plus intéressante depuis le développement des vélos cargo permettant de transporter une quantité importante de matériel.
Si la voiture ne peut pas être remplacée, s’orienter vers des modèles plus sobres (peu énergivores) contribue à réduire les coûts et les émissions du véhicule :
- Un SUV consomme en moyenne 15% de plus que son équivalent compacte.
- Un véhicule de catégorie inférieur (compacte vers citadine par exemple) est aussi un levier important d’économie et de réduction de GES, c’est ce qu’on appelle le « downsizing ».
Il est également possible d’optimiser la flotte de véhicules de fonction en proposant une gamme plus large de solutions de mobilité aux bénéficiaires :
- Véhicule de petite taille/ véhicules intermédiaires
- Vélo à assistance électrique, etc.
- Véhicule électrique
Le dispositif de compensation financière permet de proposer un véhicule plus petit et moins coûteux, adapté aux besoins réels de mobilité : déplacements en train, location de voiture à titre professionnel.
Le reste de l’enveloppe est ensuite consommé pour réaliser des déplacements personnels (vacances, etc.) et donne accès à des solutions de mobilité adaptées à tout profil : achat de billets de train, achat de vélo à assistance électrique, location ponctuelle de véhicule. L’avion devra par défaut être proscrit du dispositif.
4. Transition énergétique de la flotte
Une fois l’ensemble des leviers précédemment explicités activés, l’électrification des véhicules est incontournable, et est soumise à une réglementation stricte. Le passage à l’électrique présente aussi des avantages fiscaux non négligeables.
Il convient de s’appuyer sur l’audit de l’usage des véhicules afin de sélectionner les motorisations et les modes de déplacements qui sont les plus adaptées aux usages réels.
Le passage à l’électrique implique également de former les collaborateurs et collaboratrices (sensibilisation, utilisation de la boite automatique, gestion de la recharge, planification des trajets, etc.) et de réfléchir à l’évolution de l’équipement de son parking en bornes de recharge***.
Un schéma directeur de bornes de recharge (ou plan de déploiement de bornes) devra ainsi être conçu afin d’assurer la recharge des véhicules des collaborateurs et collaboratrices (sur site et à domicile). Pour cela, l’audit de flotte et une enquête « d’électro compatibilité » à destination des conducteurs permettront de dimensionner le besoin (nombre de bornes, puissances, interfaces SI…).
Point de vigilance : les véhicules hybrides rechargeables représentent un risque majeur d’augmentation des coûts et des GES en cas d’usage du véhicule exclusivement en mode thermique. Il y a donc un enjeu de formation et d’équipement du collaborateur en borne de recharge si le véhicule est ramené au domicile.
En tant qu’employeur, vous pouvez bénéficier d’une subvention dans le cadre du programme ADVENIR pour l’installation de point de recharge à destination de la flotte d’entreprise et des salariés.
*** À compter du 1er janvier 2025, tous les parkings de plus de 20 places devront comporter une borne de recharge pour chaque palier de 20 places. Le programme ADVENIR propose des aides à l’installation de bornes à destination des entreprises de véhicules de location de courte durée, du secteur de l’automobile ou pour la recharge de poids lourd.
5. Développer le covoiturage professionnel
Le covoiturage peut également être encouragé dans le cadre des déplacements professionnels. Pour ce faire, il appartient à l’employeur d’encourager à la pratique (sensibilisation, animation, challenge) du covoiturage et de poser le cadre de l’organisation de celui-ci (points de rencontre, outil de mise en relation, reporting).
Il est ainsi possible de réfléchir à des calendriers partagés pour la réservation de véhicules, à des consignes systématiquement ajoutées aux invitations aux réunions, etc.
6. Optimiser la conduite
L’écoconduite est une conduite à adopter afin de réduire l’empreinte carbone des déplacements en véhicule individuel motorisé. Elle permet également de réduire l’usure des véhicules et donc les coûts d’entretien de ceux-ci. Elle peut être pratiquée sur tout type de véhicule, peu importe sa motorisation. Des études ont montré que l’éco-conduite permettait de faire des économies de carburant pouvant aller jusqu’à 15 %.
Des e-learning rapides sont accessibles en lignes et il est possible d’organiser des formations avec des prestataires spécialisés sur une demi-journée ou une journée, à destination des plus gros rouleurs de l’entreprises.
Cette action se distingue dans le fait qu’elle permet également d’impacter les réflexes de conduite des collaborateurs et collaboratrices dans leurs déplacements personnels et a donc un impact notable sur l’empreinte carbone des déplacements au global.
L’intégration d’une connectivité véhicule avancée (boîtier embarqué) permet d’approfondir l’analyse des conduites****. Elle permet notamment d’identifier les conduites à risques (freinage, accélération) tout en assurant un suivi des consommations et des distances parcourues par conducteur.
Les bénéfices induits ou indirects sont variés tels que le gain de consommation lors de l’utilisation des véhicules personnels des collaborateurs et collaboratrices pour leurs trajets quotidiens. Par ailleurs, la sinistralité baisse en moyenne de 10 à 15% après une formation à l’écoconduite selon les indicateurs TERM (Transport and Environment Reporting Mechanism) publiés par l’Agence européenne pour l’environnement.
À l’échelle individuelle, des applications comme GECO Air de l’IFPEN, permettent également de suivre les émissions liées à ses déplacements et de les réduire.
**** Cette connectivité n’est pas nécessairement associée à la géomatique, consistant à localiser le véhicule.